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9 heures. Laissons maintenant la parole à un autre témoin, le commandant
André Decelle (Didier) : « Le temps est magnifique, le soleil est triomphal. Tout
à coup on commence à entendre comme un bourdonnement, un bruissement d'un
gigantesque essaim d'abeilles. Ce doit être eux. Le bruit s'impose peu à peu, puis
domine tout, assourdissant. Ce sont eux, on les aperçoit maintenant scintillant
au soleil en formations serrées. Ils sont plus de cent. On n'ose y croire, tout cela
est au-dessus de nous ? Des escadrilles de forteresses B17 (1) et au-dessus des
chasseurs (2) qui tournoient... Pour baliser le terrain on a allumé trois grands
feux en triangle, la fumée monte épaisse et droite. Ils les ont repérés de là haut
(3). Des lumières vertes, blanches clignotent en queue de l'avion de tête, celui
du leader puis voilà des fusées avec de longues traînées de fumée.
Et finalement les avions amorcent un immense virage et se dirigent vers la Cor-
rèze, après avoir franchi les gorges de la Dordogne, mais les revoilà qui ferment
la boucle avec toujours les chasseurs batifolant au-dessus.
Au téléphone le centre « La Fayette » (4) toujours précis, nous signale que
la colonne de camions de la Wehrmacht est toujours arrêtée au même endroit.
Africain est maintenant en contact permanent car il communique avec les avions
qui sont au-dessus de nous par l'intermédiaire de Londres. Contact radio avec
le leader. Lettre d'identification reconnue « OK on largue. Go ».
Ils parachutent par vagues en piquant sur nous. C'est féerique, chaque vague
plonge et se déleste d'une centaine de parachutes multicolores rouges, verts, oran-
ges, blancs. Quel vacarme assourdissant, on entend aussi les chocs sourds des
containers sur le pré, puis les parachutes s'affalent dessus mollement. Et voici
une nouvelle vague et une autre et une nouvelle encore. Et encore une, six fois
de suite. A la dernière, en ce 14 juillet, les parachutes sont bleus, blancs et rou-
ges. Il y en a 431 jonchant les prés.
Mais les forteresses tournent et on les aperçoit là-bas à l'horizon, ce doit être
vers Saint-Privat qu'ils répètent l'opération. Voilà l'explication de la manoeuvre
de tout à l'heure. Et maintenant, au-dessus de nous, il n'y a plus que des chas-
seurs qui font des acrobaties. Et soudain tac, tac, tac... En guise d'adieu les voilà
qui tirent à la mitrailleuse (5). Puis le silence retombe. Nous voilà seuls un peu
hébétés du travail qui nous reste, 47 tonnes de matériel à l'œil. Il y a même des
Piats, ces tubes lance torpilles... » (6).
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