l’abbé Filiol était scellé. Pour ne pas compromettre son frère, il revint à Bouval où son
vieux père qui acceptait le risque énorme de la complicité, lui avait aménagé une cache
au fond d’une vieille grange. Mais l’abbé était jeune, actif, habitué au grand air et cette
vie lui pesait. Il ne put résister au plaisir de sortir, de réunir les enfants du village pour
leur enseigner le catéchisme. Monumentale erreur en ce printemps de 1793 ! Il fut
dénoncé par le prêtre jureur de Barriac. Le 8 mai les gendarmes de Pléaux vinrent
cerner la maison de Bouval. Il est probable que la perquisition aurait été vaine car,
nous l’avons dit, le prêtre bénéficiait de complicités même parmi les représentants de
la Maréchaussée. Mais la servante du père Filiol conduisit elle-même le brigadier à la
cache où se trouvait l’abbé. Celui-ci fut capturé et conduit à Mauriac. Le lendemain il
fut transféré à Aurillac pour y être jugé. Le Conseil du Département renvoya dans la
nuit, arguant que cette affaire relevait exclusivement du district de Mauriac. Le prévenu
fut enfermé dans une chapelle désaffectée près de la porte Saint-Mary en attendant
l’exécution. Le 11 mai le père Filiol fut arrêté pour complicité, il devait mourir le 16
août suivant sans avoir retrouvé la raison. C’est probablement le 14 mai au matin qu’eut
lieu le supplice du prêtre réfractaire. La sinistre machine du docteur Louis (1) avait été
dressée sur la petite place située derrière le chevet de Notre Dames des Miracles. Une
foule immense et silencieuse attendait l’heure fatidique. « Dès que la tête fut tombée,
une clameur monta de la place, faite des invectives des sans-culottes et des cris
d’indignation de la foule. Catherine Jarrige qui recueillait sur des linges blancs le sang
qui avait giclé jusqu’au sol, fut bousculée. Sans les gendarmes certains l’auraient frappée (2).
Et la foule se sépara. Il ne devait pas y avoir d’autre exécution capitale à Mauriac.
  
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