Le curé de Drugeac refusa et son vicaire aussi. Prêtres réfractaires, tous deux décidèrent
de s’exiler en Espagne. Chemin faisant, le vicaire fut saisi de regrets. Il était très attaché à
sa famille, à sa petite patrie, et sa jeunesse lui permettait de supporter les rigueurs d’une
vie semi clandestine. Il retourna donc à Bouval et continua d’exercer son ministère en
bénéficiant de complicités locales.
  En 1792 de nouveaux décrets vinrent aggraver la situation des prêtres réfractaires : on
voulait les déporter et les municipalités étaient tenues d’en dresser la liste. L’abbé Filiol
demanda alors un passeport pour l’Espagne mais ne quitta pas la région. Il existe entre les
hommes et la terre qui les a vu naître, entre « l’oiseau et le nid », dirait Michelet, des
relations plus ou moins conscientes dont on ne soupçonne pas la force. L’abbé Filiol se
terra donc dans les gorges de l’Auze allant d’abris en cachettes, visitant de nuit les maisons
amies ou apparentées, bénéficiant de complicités, même parmi les gendarmes de Mauriac
et de Pleaux. Une femme du pays, toute dévouée à la cause des prêtres non jureurs,
Catherine Jarrige, dite Catinon-Menette, lui apportait quelque nourriture et lui signalait les
maisons où l’on pourrait avoir recours à son ministère clandestin. Parfois l’abbé se rendait
à Enchanet où résidait un de ses frères qui prenait aux yeux de la loi, le risque d’être son
complice.
  Le 18 mars de « l’année terrible » 1793 un décret de la Convention stipulait que tout
prêtre réfractaire capturé sur le territoire de la République serait jugé et puni de mort dans
les 24 heures. Dès lors les recherches s’intensifièrent et la délation fit son œuvre. Le sort de
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